Méditation : « Tout ce qu’il vous dira. Faites-le » (No 98)

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Évangile du Dimanche 16 janvier 2022 2e dimanche du temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée » Jn 2, 1-11

En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples.
Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures (c’est-à-dire environ cent litres). Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »
Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

Méditation

C’est avec cette parole que Marie adresse aux serviteurs que nous voulons commencer cette année : « Tout ce qu’il vous dira faites-le »

Comme Marie avait donné naissance à Jésus, ici à Cana, elle est de nouveau celle qui aide son enfant à naitre à la vie publique, à commencer sa mission, à manifester sa gloire. C’est elle avec son regard de femme et de mère qui sent le manque qui pèse et le besoin des invités. Demandons-lui de venir en ce début d’année, sentir notre soif, notre besoin profond, notre manque de joie et de foi parfois. Qu’elle les présente à son fils, humblement et discrètement.

Quand, elle fait savoir à Jésus, au milieu de cette ambiance de mariage, qu’il y a un manque, elle ne lui fait pas de demande, c’est pourquoi on peut être étonné de la réaction un peu rude de Jésus : « Que me veux-tu, mon heure n’est pas encore venue ». Jésus a-t-il peur de tout ce qui allait suivre une fois qu’il aura fait son premier pas dans la vie publique ?

En présentant la soif de son peuple à Jésus, Marie fait le sacrifice d’Abraham qui n’a pas hésité à présenter son fils unique à la demande de Dieu (Gn. 22, 1-19). Ainsi Marie, au seuil de la vie publique de son fils, n’a pas hésité à sacrifier le fait d’être « mère de Jésus » pour devenir la « femme » de son peuple, la nouvelle Ève, la femme avec qui commence la mission du Salut.

C’est bien pourquoi Jésus appelle sa mère une seconde fois « femme » quand elle se trouve au pied de la croix et représente l’humanité sauvée (Jn.19,26). A Cana, c’est le début des noces de l’Agneau et sur la croix c’est leur achèvement.

« Mon heure n’est pas encore venue ». Jésus voudrait-il dire ici : je ne suis pas pressé de commencer ma mission ? Est-il trop humain de dire que Jésus a eu besoin de cette demande de son peuple, présentée par sa mère, comme un enfant qui a besoin d’être poussé pour oser marcher seul ou quitter la maison paternelle ? Le fait est que c’est par Marie que Jésus découvre que son heure est venue. Il vit l’obéissance à son Père à travers cette demande discrète de sa mère.

Marie, alors sans se laisser troubler par l’apparente rudesse de son enfant et sachant ce qu’il y a dans le cœur de l’homme, s’adresse aux servants et leur dit : « faites tout ce qu’il vous dira ». Ici, Marie ne fait que communiquer le secret de sa vie à elle : faire tout ce que Dieu lui demande. Depuis son « Me voici, la servante du Seigneur », Marie n’a qu’une seule parole jusqu’au pied de la Croix « Qu’il me soit fait selon ta parole. »

Jésus a bien senti qu’il fut mis par Marie dans une situation sans échappatoire. Par l’attitude de sa mère, il lui est clair maintenant que c’était son heure, l’heure de la grâce et de la souffrance. Alors le premier mot de Jésus aux servants des noces et à chacun d’entre nous, le mot avec lequel la mission démarre : « Remplissez d’eau ces jarres ». S’il n’y a plus de foi ni de joie dans notre vie, c’est parce que les jarres sont vides. Il faut remplir sa vie pour que la joie revienne. Notre vie est souvent vide ou remplie qu’à moitié. Dieu nous a donné la vie pour qu’elle soit pleine : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jn.10,10)

Les servants n’ont pas demandé : qui es-tu pour nous donner des ordres ? ils n’ont pas non plus fait leur travail à moitié en disant : 6 jarres, chacune 100 litres, c’est trop. Ils les ont remplies jusqu’au bord, signe d’une disponibilité totale et joyeuse. Nous aussi remplissons nos jarres pour que nos vies ne soient pas vides sans couleur ni saveur. « C’est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruits » (Jn.15,8) N’objectons pas en disant : « Je n’ai rien à offrir » ou « je n’ai pas d’eau ». Je ne te demande que de m’apporter de l’eau et de la donner généreusement jusqu’au bord. Si tu fais ce que tu peux, je changerai ton eau -qui peut t’apparaitre insipide et insuffisante- en vin précieux. Et tu verras que ce vin sera beaucoup mieux et plus abondant que le premier, à cause de ta disponibilité. C’est qu’il faut souvent passer par le vide pour comprendre et apprécier la plénitude.

Le second mot que Jésus dit aux servants et à chacun de nous : « Puisez et portez-en au maitre du repas ». Ici encore ils auraient pu faire des objections. Qui va donner de l’eau à un maître de cérémonie, là où on attend du vin ? Mais ils le font dans un acte d’obéissance et voilà que le signe est révélé et la gloire de Dieu est manifestée par une qualité et une quantité de vin qui révèlent la surabondance de l’amour de Dieu. Oui Jésus vient changer l’amertume en joie, le vide en plénitude. C’est Jésus qui continue à nous abreuver du meilleur vin, son sang nous est versé chaque jour dans l’Eucharistie, pour célébrer les noces de l’Agneau et rendre notre vie joyeuse. La gloire de Dieu s’est manifestée par la parole de Marie aux servants et à chacun d’entre nous : « Faites ce qu’il vous dira ». C’est à travers notre disponibilité croyante que la gloire de Dieu va pouvoir se manifester. Soyons donc disponibles et attentifs à la parole de Jésus et remplissons nos jarres de sa présence.

Sr Bénédicte You

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