Méditation : Une âme d’humanité (No 83)

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Évangile de l’Avent du Samedi 18 décembre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

Jésus, engendré en Marie, épouse de Joseph, fils de David Mt 1, 18-24

Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.

Noter : Nous cesserons les méditations le lundi 20 décembre et nous les reprendrons le lundi 3 janvier 2022. JOYEUX NOËL !

Méditation

Nous sommes tous promis au mariage avec Dieu, car Dieu de toute éternité nous a voulus pour Lui et a désiré partager la plénitude de son Amour avec nous. Mais, pour que cela arrive, « avant même que nous ayons habité ensemble », voilà que le Fils, sous le souffle de l’Esprit, veut naître en nous. Pour un homme pécheur comme nous, comme Joseph, une telle situation est comme impossible. Comment est-il possible que Dieu veuille habiter en un être comme nous, si pauvre ? Comment la crèche de notre être peut-elle être une demeure digne de Dieu ? Il nous semble qu’il n’y a rien « d’immaculé » en nous, qu’une terre blessée.

Notre réaction très humaine est de « renvoyer Dieu en secret », comme Pierre qui, appelé par Jésus, dit : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ! » (Lc 5, 8). Comme Adam et Ève au jardin de la Genèse, nous nous cachons de Dieu, car nous ne savons plus reconnaître en nous qu’il y a une part, en nous, immaculée. Le Père, en nous façonnant par son Fils et l’Esprit à la création, a aménagé en nous cette part immaculée, un lieu d’une grande pureté pour le recevoir, car « c’est ainsi qu’Il nous a élus en Lui, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa Présence, dans l’Amour, déterminant d’avance que nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus-Christ » (Éph 1, 4-5).

Comme il nous est difficile d’entrer dans une telle réalité ! C’est pourquoi Dieu entre dans nos vies comme dans un songe. Il nous ouvre au Réel divin qui nous semble, au départ, si loin et si étranger. Et, au coeur de ce songe, il nous offre le courage d’avancer, comme Pierre dont nous avons parlé, et qui osera quelques pas en « eaux profondes » (Lc 5, 4) et qui y « lâchera ses filets » (5,4) en ouvrant cette part de lui, immaculée, toute faite pour « attraper » Dieu. « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »

Avec quelle tendresse, Dieu nous demande d’ouvrir tout notre être pour consentir à sa naissance. Il veut nous donner part à un mystère si grand : l’engendrement de son Fils en nous et, du même élan, de nous en son Fils. Chacun.e est appelé.e à vivre cette Annonciation, à entrer dans le mystère de cette N(n)aissance. Sans cet accueil, il n’y a pas de salut possible car seul « le-Seigneur-sauve ». Et si l’humain au début de la création a nommé tous les êtres vivants, ici, dans cette nouvelle création, il est appelé, de manière inimaginable, à nommer Dieu,  » tu lui donneras le nom de Jésus ». Ce pouvoir de nommer est une participation au Père qui, par son Logos (son Fils), nomme tout être, dont l’humain à qui Il donne un nom unique dans l’Unique Nom qu’est le Fils. Cette expérience et cette grâce, impossibles à imaginer d’un point de vue humain, nous sont partagées par pure gratuité et par pur Amour de la part de Dieu.

Ce pouvoir de dire Dieu, de parler Dieu, nous est donné au coeur de l’expérience d’Annonciation que nous sommes tous appelés à vivre. Dans ce récit, Joseph s’y ouvre car Dieu lui entrouvre le songe divin qu’Il a sur sa Vie. Il entre dans l’expérience que nous sommes tous appelés à vivre, du « Dieu-avec-nous ». Notre Dieu n’est pas un Dieu perdu au ciel ou en suspens entre ciel et terre, il est Dieu-avec-nous, le Dieu qui nous habite, le Dieu qui nous donne part à sa Parole qui crée les mondes. Le Père nous partage ce qu’il a de plus précieux, son Fils, pour que, par Lui, tout ce qu’Il est nous soit partagé.

« Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse. » Au réveil de cette Annonciation, nous sommes entrés dans le Jour du Seigneur. Le monde autour de nous et, encore plus en nous, est illuminé de la Lumière divine. Tout est véritablement vu sous un nouveau jour. Tout ce que nous vivrons à partir de cet instant sera habité par le Tout Autre. Tout sera lieu de sa Présence. Il aura tout épousé en nous et en l’autre. Lui l’Époux aura fait de nous avec Marie une Église, une demeure de Dieu. Notre joie sera d’apprendre tous les jours de notre vie à prendre chez nous non seulement Dieu mais toute l’humanité. Comme le disait la Bienheureuse Dina Bélanger (je la cite de mémoire), nous deviendrons alors « une âme d’humanité ». Une âme ecclésiale en qui tout humain a une place, simplement parce qu’en elle il y a le Fils, en qui nous sommes tous cachés en Dieu.

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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