Méditation : La tendre eucharistie de nos rencontres (No 66)

Image par Mabel Amber de Pixabay

Évangile de l’Avent du Mercredi 1 décembre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Jésus guérit les infirmes et multiplie les pains » Mt 15, 29-37

En ce temps-là, Jésus arriva près de la mer de Galilée. Il gravit la montagne et là, il s’assit. De grandes foules s’approchèrent de lui, avec des boiteux, des aveugles, des estropiés, des muets, et beaucoup d’autres encore ; on les déposa à ses pieds et il les guérit. Alors la foule était dans l’admiration en voyant des muets qui parlaient, des estropiés rétablis, des boiteux qui marchaient, des aveugles qui voyaient ; et ils rendirent gloire au Dieu d’Israël.
Jésus appela ses disciples et leur dit : « Je suis saisi de compassion pour cette foule, car depuis trois jours déjà ils restent auprès de moi, et n’ont rien à manger. Je ne veux pas les renvoyer à jeun, ils pourraient défaillir en chemin. » Les disciples lui disent : « Où trouverons-nous dans un désert assez de pain pour rassasier une telle foule ? » Jésus leur demanda : « Combien de pains avez-vous ? » Ils dirent : « Sept, et quelques petits poissons. » Alors il ordonna à la foule de s’asseoir par terre. Il prit les sept pains et les poissons ; rendant grâce, il les rompit, et il les donnait aux disciples, et les disciples aux foules. Tous mangèrent et furent rassasiés. On ramassa les morceaux qui restaient : cela faisait sept corbeilles pleines.

Méditation

Cet évangile en est un de bonté, de tendresse, de miséricorde… Il témoigne du débordement d’Amour de Dieu.  Et de cet Amour, le monde en est rempli. Devant cela, la question que nous pose cet évangile est : Sommes-nous devenus aveugles par habitude du « trop » constant de cette Présence divine ?

« De grandes foules s’approchèrent de lui, avec des boiteux, des aveugles, des estropiés, des muets, et beaucoup d’autres encore »; « beaucoup d’autres » dont nous sommes… portés par cette recherche de Dieu. Et le texte ajoute : « On les déposa à ses pieds », mais qui est « on » ?, car ce « on » ne se relie à personne dans le texte. Serait-ce tous ces pauvres qui se déposent mutuellement devant Jésus à cause de cette tendresse qui peut exister entre les personnes qui partagent et comprennent la souffrance de l’autre ? D’un être fragile à un autre être fragile, n’existe-t-il pas souvent, de par les gestes, les regards, les paroles…, une délicatesse d’humanité, pénétrée par un Amour divin qui les transforme en prière, en adoration, en confiance, en gratitude… ! N’est-ce pas ce qui se vit tous les jours dans les hôpitaux et, spécialement, dans les soins palliatifs !

En ces gestes, ces paroles… pauvres, c’est là que se réalisent les miracles divins : « et il les guérit ». Cette guérison est pour les muets de retrouver la valeur profonde de leur propre parole, de la Parole de Dieu qui les fonde. Ils reprennent alors parole sur leur vie, pour ne pas dire, ils reprennent parole de Vie.  Pour les estropiés, voilà que leur être et leur vie mutilés retrouvent leur unité et une plénitude de sens. Pour les boiteux, ils redécouvrent leur chemin et la force de marcher. Et, pour les aveugles, ils voient à nouveau l’Invisible divin, sous les traits de l’amour, de la tendresse et de la reconnaissance. Ils réapparaissent à leurs propres yeux avec les autres et Dieu. Ils voient ce qu’ils avaient perdu de vue.  Et le signe le plus grand de leur guérison pour eux tous : « ils rendirent gloire au Dieu d’Israël ».

Leur guérison même clame la gloire de Dieu. Est-ce Dieu qui chante sa gloire en eux ou eux chantent-ils de gloire en Dieu ? assurément les deux. Cette rencontre est si prenante nous dit Jésus que « depuis trois jours déjà ils restent auprès de moi ». Trois jours de résurrection où tous ces pauvres réapprennent la Vie. Ils ont vécu si longtemps dans la mort qu’ils ne savent plus « être », « vivre », et ce, comme des filles et des fils de Dieu.

Jésus a devant lui des petits enfants dans la foi et ils « n’ont rien à manger », car ils ne savent pas encore se partager. Et Jésus ne veut pas « les renvoyer à jeun, ils pourraient défaillir en chemin. » Alors Il leur apprend, comme à ses disciples, comment multiplier les pains et les poissons de leurs vies entre eux. Jésus leur enseigne l’eucharistie de leurs vies.

S’ils veulent « ne pas défaillir en chemin », ils devront toujours prendre les pains et les poissons peu nombreux de leurs vies et de, simplement, les partager au nom du Christ. « En son Nom », nos gestes, nos paroles, nos silences… se multiplient comme de l’intérieur, car ils portent, au nom du Christ, l’abondance de la Vie de Dieu.

Et ce miracle de la multiplication des pains commence à l’instant où Jésus « s’assit » pour accueillir tous ces pauvres qui s’approchent de Lui. C’est dans cette rencontre toute pleine de tendresse, dans cette communion de pauvretés, que Dieu choisit de se donner. Oui, l’eucharistie, la vie partagée de Dieu et des humains, se vit dans la simplicité humaine de nos rencontres. Dans la tendre eucharistie de nos rencontres !

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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