Méditation : Fils et filles de Résurrection (No 55)

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Évangile du Samedi 20 novembre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants » Lc 20, 27-40

En ce temps-là, quelques sadducéens – ceux qui soutiennent qu’il n’y a pas de résurrection – s’approchèrent de Jésus et l’interrogèrent : « Maître, Moïse nous a prescrit : Si un homme a un frère qui meurt en laissant une épouse mais pas d’enfant, il doit épouser la veuve pour susciter une descendance à son frère. Or, il y avait sept frères : le premier se maria et mourut sans enfant ; de même le deuxième, puis le troisième épousèrent la veuve, et ainsi tous les sept : ils moururent sans laisser d’enfants. Finalement la femme mourut aussi. Eh bien, à la résurrection, cette femme-là, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse, puisque les sept l’ont eue pour épouse ? »
Jésus leur répondit : « Les enfants de ce monde prennent femme et mari. Mais ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection. Que les morts ressuscitent, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob. Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui. » Alors certains scribes prirent la parole pour dire : « Maître, tu as bien parlé. » Et ils n’osaient plus l’interroger sur quoi que ce soit.

Méditation

L’annonce de ce texte est d’une puissante inspiration pour nous : « nous sommes enfants de la Résurrection ». Quel contraste avec ces frères qui se marient avec la même femme afin de trouver une sorte de pérennité ou de fécondité à leur vie. Tant de personnes s’épuisent dans leur existence à produire afin de léguer quelque chose au monde… pour y laisser leur trace. Mais…

« Nous sommes enfants de la Résurrection ». Et Jésus, pour bien faire comprendre aux disciples et à nous le sens de cette réalité, parle de l’expérience de Moïse au Buisson ardent : « retire tes sandales de tes pieds car le lieu où tu te tiens est une terre sainte » (Gn 3, 5). Quelle expérience inimaginable ! L’expérience de la Résurrection est d’entrer dans la terre sainte de Dieu. C’est entrer au centre de la Vie, dans le tabernacle de la Sainte Trinité.

Nous ne vivons plus alors en périphérie mais au centre de tout, dans l’Origine même de tout, au lieu même de la Source. Et ce n’est pas un lieu impersonnel, mais infiniment personnel, car, en ce lieu trinitaire, chaque humain, comme Moïse (« Moïse, Moïse » Gn 3, 4), est appelé par son nom par  » le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob « .

Ce message est fort pour les disciples, eux qui sont à quelques pas de la Passion du Christ. Jésus leur dit à mots couverts et à nous aujourd’hui : « Ne craignez pas la Passion qui vient, car la Croix est le Buisson ardent duquel le Père appellera par moi tout humain, afin de les conduire jusqu’au coeur du Feu trinitaire ».

Ce Dieu qui, dans le texte de la Genèse et dans le texte d’aujourd’hui, se présente comme le Dieu des Vivants est le « Je suis celui qui est » (Gn 3, 14). Oui, Jésus désire de ses disciples que lorsque son heure sera « arrivée, vous croyiez que Je suis » (Jn 3, 19) « afin que, là où Je suis, vous aussi, vous soyez » (Jn 14, 3). « Je suis dans le Père et le Père est en moi » (Jn 14, 11). « Moi, je suis venu pour qu’on ait la vie en abondance » (Jn 10, 10).

La Résurrection est l’héritage de la Croix que Jésus nous laisse à chacun.e pour que nous entrions sur la terre sainte du Vivant. Il veut nous conduire au sein même de la Sainte Trinité pour que sa Vie embrase tout notre être comme un feu. Notre vie n’est pas appelée à la tiédeur du péché, au sel affadi de la mort, mais bien que nous devenions des buissons ardents de la Présence de Dieu au coeur de ce monde. Voilà la mission des fils et filles de Résurrection.

La Résurrection n’est pas une sorte d’événement extérieur mais l’expérience intérieure d’un être qui en Celui qui est Résurrection (Jn 11, 25) devient lui-même résurrection. Un être transfiguré, transubstantié, eucharistié. Quand est vécue cette expérience, si la vie de ces gens ressemble à celle des autres de l’extérieur, « ils ne sont pas du monde, comme moi (le Fils) je ne suis pas du monde » (Jn 17, 16). Ils continuent à vivre une vie « normale » mais, dans l’intime, ils sont devenus des voyageurs de l’Invisible, entraînés par le Fils dans l’Esprit jusqu’aux confins de l’être du Père, dans le plus intime mystère du Vivant.

« Nous sommes fils ou filles de la Résurrection ». Notre vie n’est pas une succession de morts sans fécondité comme ces sept frères avec cette femme mais abondance de Vie qui illumine de l’intérieur notre être et déborde de nous, de par Dieu, pour féconder le monde et tout humain. Et cette oeuvre de Résurrection, qui éveille le « Je suis » en et de chaque être, n’est pas notre oeuvre mais celle gratuite d’un Autre. Comme dit le texte :  » Tous, en effet, vivent pour (et en) lui. « 

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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