Méditation : Voeux de Dieu sur nous (No 38)

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Évangile du mercredi 3 novembre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Celui qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple » Lc 14, 25-33

En ce temps-là, de grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple.
Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever, tous ceux qui le verront vont se moquer de lui : “Voilà un homme qui a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever !” Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ? S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander les conditions de paix.
Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »

Méditation

Vous avez sûrement entendu cette expression : la radicalité évangélique. Celle-ci a souvent été associée à la vie religieuse mais, en réalité, elle est le propre de toute vie chrétienne. Les voeux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance sont des voeux exigés de toutes et de tous. Dans cette optique, l’évangile qui nous est présenté vise chacun.e de nous et, comme vous pouvez vous en douter, j’aimerais le lire selon cette grille de lecture des trois voeux lesquels, dans cet évangile, visent le même but :  » être mon disciple  » (de Jésus).

Le premier appel de Jésus est  » si quelqu’un vient à moi « . Un tel mouvement intérieur peut uniquement être provoqué par l’Amour. C’est l’Amour qui nous met en marche vers le Bien Aimé. Par cet Amour, nous sommes aimantés et amantés vers Lui. Et le texte nous révèle la radicalité de ce mouvement amoureux, à savoir qu’aucun amour ne doit nous empêcher, nous détourner ou même nous ralentir. Père, mère, femme, enfants, frères, soeurs et jusqu’à « sa propre vie » avec tout ce qu’elle contient (ami.e.s, possessions, travail, projets, etc.) ne doivent être mis premier devant cet Amour. Jésus nous demande un Amour exclusif et entier, un abandon amoureux complet. Une telle attitude s’appelle la chasteté, c’est-à-dire un amour qui ne sait qu’aimer Dieu ! Qui n’a de regard que pour Lui ! Qu’en tous et en tout, nous Le cherchions, Le contemplions et L’aimions !  » Si quelqu’un vient à moi « , tout son être doit entrer dans cette chasteté !

« Quiconque ne porte pas sa croix et ne vient pas derrière moi ne peut être mon disciple » (j’utilise ici la traduction de la bible de Jérusalem). S’il y a venir à Lui dans l’Amour par la chasteté, il y a, aussi, « venir derrière Lui » dans l’obéissance. Pour suivre Jésus, l’obéissance est nécessaire, car comment alors le suivre jusqu’où Il veut nous mener ? Comment accepter, j’oserais dire, de marcher dans la nuit de la foi sans une confiance absolue en Celui que nous suivons ?

Un tel abandon « derrière » le Christ est appelé ici « porter sa croix ». Nous n’avons pas besoin d’une grande capacité d’imagination pour comprendre, car la vie même, la vie de tous les jours, est faite de multiples croix. Combien de blessures ou de souffrances vivons-nous au cours d’une vie ? On en perd le compte. Jésus nous demande simplement de « porter la croix » de notre vie et de vivre toutes ces croix parsemées sur la route comme des présents de salut pour le monde et des oui d’amour à Dieu. Nous ne les cherchons pas mais nous les accueillons et nous acceptons, au coeur de la petitesse de tous ces instants, de le laisser être sauveur par, avec et en nous. Dans ce dépouillement vécu, l’horizontalité du monde est unie à la verticalité divine, et une telle réunion et une telle unité ne se réalisent que dans l’obéissance.

 » Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ». Avec la chasteté et l’obéissance, nous sommes appelés à être pauvres de tout. Nous ne cherchons pas notre profit, notre gloire ou notre bien-être mais toute notre vie est abba-donnée (donnée au Père) dans le Fils pour sa gloire à Lui et le salut du monde. Notre vie, pauvre de tout le reste, devient ainsi toute entièrement tournée vers Dieu, l’Unique nécessaire. Et l’assurance qu’Il nous donne est qu’il s’agisse de « la tour que nous bâtirons » ou de « la guerre à un autre roi que nous ferons » rien ne saurait nous manquer, car nous aurons tout donné. Je le répète : rien ne nous manque quand nous avons tout donné.

Voilà la route de ces trois voeux, laquelle seule nous permet « d’être ses disciples ». Que ces voeux de Dieu sur nous se réalisent en tout état de vie où nous nous trouvons !

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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