Méditation : Les signes de l’Invisible (No 26)

Image par S. Hermann & F. Richter de Pixabay

Évangile du vendredi 21 octobre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Vous savez interpréter l’aspect de la terre et du ciel ; mais ce moment-ci, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ? » Lc 12, 54-59

En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Quand vous voyez un nuage monter au couchant, vous dites aussitôt qu’il va pleuvoir, et c’est ce qui arrive. Et quand vous voyez souffler le vent du sud, vous dites qu’il fera une chaleur torride, et cela arrive. Hypocrites ! Vous savez interpréter l’aspect de la terre et du ciel ; mais ce moment-ci, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ? Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas par vous-mêmes ce qui est juste ? Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, pendant que tu es en chemin mets tout en œuvre pour t’arranger avec lui, afin d’éviter qu’il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre à l’huissier, et que l’huissier ne te jette en prison. Je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier centime. »

Méditation

Une foule se presse autour de Jésus et ne cesse de réclamer un signe, des prodiges, une preuve sonnante et trébuchante de la puissance de Dieu.

Jésus s’adresse à ce peuple borné dans sa foi et pourtant assez clairvoyant dans d’autres domaines de sa vie : « Vous savez interpréter l’aspect de la terre et du ciel ; mais ce moment-ci, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ? »

De toute évidence, les habitants de ce pays savaient bien surveiller le ciel et discerner les signes précurseurs de pluie, de tempête et de canicule; ils avaient un bon jugement sur ce qui pouvait affecter leurs récoltes, leurs bétails et leurs pêches. Mais ils perdaient soudainement leur lucidité, lorsqu’il s’agissait de reconnaitre Jésus le Sauveur !  

Sommes-nous aujourd’hui, meilleurs qu’eux dans nos jugements de ce qui est juste ?

Deux mille ans plus tard, nous sommes capables de déterminer avec encore plus de précision les aléas du temps, nous pouvons prévenir les éruptions volcaniques, les tempêtes, les ouragans… nos bulletins météorologiques sont parfois d’une précision hallucinante. Toutefois, en matière de discernement des signes du Royaume de Dieu nous sommes encore pires que ce peuple jadis.

Nos technologies avancées nous permettent de voir les plus petites particules qui composent l’atome, nos télescopes géants sondent les profondeurs du cosmos… et cependant nous avons un aveuglement sans précédent quant à la vérité des Écritures et à la présence de Dieu. Nous sommes savants sur des réalités complexes mais analphabètes sur l’Essentiel; nous souffrons d’une cécité sélective.

« Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, pendant que tu es en chemin mets tout en œuvre pour t’arranger avec lui, afin d’éviter qu’il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre à l’huissier, et que l’huissier ne te jette en prison. Je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier centime. »    Jésus donne quand même un signe, celui de l’urgence à retrouver nos chemins de pardon, de conversion avant que cela ne soit trop tard. J’entends Sa Parole s’adresser à chacun(e) de nous. Savons-nous discerner, dans les événements du monde de notre temps, les signes du Royaume. Sommes-nous encore capables de prêter attention aux gémissements de la création tout entière ? Aux gémissements de l’Esprit en nous ? (Rom 8, 19-27)  Savons-nous mesurer l’urgence de nous tourner vers le Père pour accueillir sa miséricorde, pour guérir de notre cécité et de notre surdité afin que nous puissions voir et entendre l’Invisible divin en nous et en l’autre?                                                                                                         

Le Royaume de Dieu est tout proche parce que justement, Il est dans notre quotidien, dans notre instant présent. L’invisible de Dieu se révèle dans le visible de notre vie,

Il jaillit à travers nos relations et nos rapports les uns avec les autres. Dieu nous parle à travers les personnes que nous croisons sur notre chemin, à travers la création et à travers notre histoire personnelle. Notre vie quotidienne qui s’accomplit dans le visible peut révéler l’invisible de la Présence de Dieu, si toutefois nous choisissons cette communion avec l’invisible divinité enfouie en nous.

Nous n’avons pas à décrypter péniblement les signes de Dieu, à l’aide d’un savoir scientifique pointu, nous n’avons pas non plus besoin d’un télescope puissant, ni d’un microscope super moderne, mais simplement d’un cœur pauvre et humble, ouvert à l’Esprit, qui sait veiller, garder silence et écouter les frémissements de l’Esprit en lui. Il ne s’agit pas de savoir des choses sur Dieu, mais d’éprouver Sa Présence invisible au fond de notre être comme une parole silencieuse qui retentit au plus intime de nous-même, et de la laisser transparaitre dans le visible de notre réalité quotidienne.  Si nous sommes toujours enracinés en Dieu, l’univers entier le sera également. Il ne s’agit pas de vivre dans une réalité parallèle à la nôtre, mais de vivre pleinement notre réalité humaine visible, à partir de notre réalité divine invisible, vivre à partir de notre cœur profond, de notre être de fille et de fils de Dieu.

Notre vie se transfigure lorsque nous la déchiffrons divinement, dit Zundel; Dieu peut alors entrer dans notre histoire comme une réalité incontestable. Nos yeux pourront s’ouvrir et reconnaitre les multiples clins d’œil de Dieu, qui jalonnent notre humble vie quotidienne, les signes de son amour personnel, délicat et attentif à notre égard. Un regard aimant, une parole qui redonne espoir, une présence douce et chaleureuse, une vérité lumineuse, une aide généreuse, une rencontre inattendue… 

Dans un temps éprouvé par la souffrance, par la violence, par l’abus, par l’égoïsme et par la haine, soyons les signes visibles de l’Invisible en nous. Soyons un signe de lumière, de joie, d’espérance, de charité, de miséricorde; soyons un signe de la perpétuelle Incarnation de Jésus dans notre monde.   

Gladys El Helou (gladyshelou@gmail.com)

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