Méditation : Accueillir le Royaume comme un petit enfant (No 7)

Image par Jill Wellington de Pixabay

Évangile du dimanche 3 octobre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » Mc 10, 2-16

(Début de la lecture brève) En ce temps-là, des pharisiens abordèrent Jésus et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » Jésus leur répondit : « Que vous a prescrit Moïse ? » Ils lui dirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. » Jésus répliqua : « C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle. Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question. Il leur déclara : « Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère envers elle. Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre, elle devient adultère. » (Fin de la lecture brève)
Des gens présentaient à Jésus des enfants pour qu’il pose la main sur eux ; mais les disciples les écartèrent vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. » Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.

Méditation

Cette page d’Évangile se compose de deux parties, comme deux enseignements qui, à première vue, peuvent nous paraitre sans aucun lien entre eux.

Entre la question de la répudiation dans le mariage et la rencontre avec le jeune homme riche, l’Évangéliste nous offre ce petit épisode si touchant sur l’attitude de Jésus envers les enfants.

Pour répondre au piège que les pharisiens voulaient tendre à Jésus, celui-ci les renvoie à une question première qui signifie : de qui êtes-vous l’image ? Moïse vous a donné une Loi (notez qu’il dit « vous » : il se situe au-dessus du Législateur : il donne son identité, le Créateur !). Mais au début, à la création, il n’en était pas ainsi. Et Jésus leur parle comme si avec Lui, on en revenait au temps des origines, disons avant la blessure originelle. Il situe sa Parole au niveau de la splendeur du plan de Dieu aux origines. Jésus veut dire qu’en Lui, il y a plus que la Loi qui est donnée.

Ce texte recentre la question non pas sur une question de procédure, de motif de l’homme, mais sur l’ordre voulu par Dieu lors de la création. Ce re-centrage par Jésus nous re-oriente pour nous inviter à tourner notre regard vers le véritable objectif, le but, le vrai chemin, celui du règne de Dieu. Peut-être pourrait-on dire que Jésus ré-initialise notre boussole pour nous orienter vers une « re-création » … le règne de Dieu.

Ces questions sont actuelles encore et on peut repérer que Jésus en appelle sur cette question, à un regard au-delà du légal (permis et défendu). C’est une question spirituelle, vocationnelle, une question de foi. Et aussi une question de regard que l’on constate avec cet enchaînement sur les petits enfants. Pas seulement des enfants, mais des nouveaux-nés : Jésus revient bien à l’origine de la vie. L’amour dans un couple adulte est comparable à l’amour pour un nouveau-né. L’amour est une affaire de totale confiance, comme un tout petit dépendant de l’amour des autres. Il faut accueillir le Royaume de Dieu à la manière d’un petit.

Et l’autre attitude que manifeste Jésus, c’est la manière dont il veut accueillir l’exclu qu’est l’enfant dans la société de l’époque (opposé à la nôtre). Il restera toujours beaucoup à faire individuellement et ecclésialement pour en arriver là.

L’enfant placé ici va jouer un rôle miroir sur ces paroles très énigmatiques de Jésus sur l’engagement des grandes personnes. Les petits enfants, les bébés, même : ceux qui n’existent que dans la dépendance d’amour d’autres. Ils ne peuvent pas encore être disciples parce qu’ils sont trop jeunes et Jésus les met au centre des disciples. C’est une manière de leur dire que lui-même, il est comme cela dans les mains de son Père. Depuis le début de sa vie et jusque dans ce qui va se passer par la suite.

Pour leur montrer aussi qu’être disciple n’est pas une question d’intelligence, mais d’amour et d’abandon. Pour être bien avec Dieu, il faut retrouver l’enfant de Dieu que nous sommes. Seuls les enfants sont bien dans le Royaume. Être du Royaume, être disciples ce n’est pas vivre pour que Dieu nous aime, c’est vivre parce que Dieu nous aime.

Or « Empêcher » c’est faire une barrière à l’accès à la grâce. Jésus nous intime l’ordre : « Ne les empêchez pas d’être disciples. »

 Le disciple ne doit pas rabrouer le petit enfant qui est en lui. Car il est l’image de l’abandon nécessaire pour son engagement d’adulte. Cet épisode est encadré par une même expression : « imposer les mains » qui est un geste liturgique, un geste de consécration, c’est le geste du don du l’Esprit Saint et donc du don de la force. Signe sacramentel qui pourrait signifier que ces engagements matures (l’engagement dans le mariage dans le passage qui précède, comme celui de suivre Jésus dans le célibat dans l’épisode qui suit) ne peuvent pas n’être que des volontariats, ils sont deux formes sacramentelles données par Dieu, reçues de l’Esprit du Seigneur.

Jésus accueille des enfants pour leur imposer les mains, c’est-à-dire leur faire le don de l’Esprit saint, cette force supérieure pour combattre dans notre vie quotidienne. Le baptême dans l’eau ne suffit pas, il faut le baptême dans l’Esprit pour vivre dans la grâce.

Ce qui n’est pas possible humainement je ne le réalise qu’avec la grâce de l’Esprit Saint.

Jésus montre à ses disciples que le projet qu’il a pour eux n’est pas possible sans cet accueil de surcroit de grâce.

Sr Bénédicte

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