Méditation : Du mépris de l’enfance à sa Résurrection (No 6)

Évangile du samedi 2 octobre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux » Mt 18, 1-5, 10

À ce moment là, les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Qui donc est le plus grand dans le royaume des Cieux ? » Alors Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au milieu d’eux, et il déclara : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux. Et celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m’accueille, moi. Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux. »

Méditation

Ce passage évangélique demeurera toujours décapant. Il déconstruit en nous toutes nos suffisances, nos plans de réussite, nos gloires ou nos toutes-puissances. « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux.» Le chemin du Royaume n’est pas une quête de promotions et de succès mais le chemin simple de l’enfance. Alors qu’en est-il de notre état d’enfance ? Quelle est cette part de l’enfance que nous devons retrouver ou de cet enfant que nous ne sommes plus ?

Un enfant ne vit, ne se développe et ne se déploie que dans l’Amour. La seule chose qui compte pour lui est la proximité et la PRÉSENCE de l’A(a)utre. Sa terre à lui est au départ les gens qui l’aiment, papa et maman particulièrement. Ils sont son port d’attache, son rempart contre tout danger, sa centrale d’énergie qui lui donne la force et le courage d’explorer, d’aventurer sa vie et de vivre dans l’émerveillement de ce qu’il découvre. Il vit vraiment dans la nouveauté de chaque instant. Il joue, il danse, il court, il chante… poussé par cet éclatement de la Vie en lui. Pour le dire de manière encore plus simple, IL VIT.

La question devient donc pour nous : Est-ce que notre Vie devient enfance en sa Présence, Présence qui fait éclater la Vie, toujours nouvelle, en nous ? Et cette Vie en nous est-elle celle du Fils, car « qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m’accueille, moi.» Celui qui devient comme un enfant, il devient fils ou fille dans le Fils. N’ayant plus de différence entre le Fils et lui, il devient « le plus grand dans le royaume des cieux ». Comme dit le psaume, il marche «à la face de Yahvé sur la terre des vivants.» C’est ce que nous rappelle le texte d’aujourd’hui, car devenu si proche du Fils, si intime à Lui, comme les anges qui veillent sur lui, il voit « sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux.» N’est-ce pas ce dont nous rêvons toutes et tous ? N’est-ce pas le coeur de la vie humaine et sa plénitude ?

Dans notre monde moderne, nous vivons trop souvent à deux dimensions, celles du corps et de la raison, et nous oublions la 3e dimension, celle du coeur d’enfant qui, constamment, voit l’Invisible et se vit dans un Royaume tellement plus grand que celui des adultes bien riches, bien diplômés ou bien en charge de leur vie. Et dans cette vie à deux dimensions, nous devons rendre garde, nous dit Jésus, de « mépriser le petit » et de nous éloigner, ainsi, de la terre des vivants, du Royaume de Dieu.

Existe donc dans ce texte un appel à ne plus « mépriser » l’enfant que nous avons été en le gardant souvent enfermé en nous blessé. Nous ne sommes pas sans savoir que, si l’Amour est le terreau nécessaire à notre naissance et au déploiement de notre enfant, cet Amour n’a pas toujours été au rendez-vous. Si bien que notre enfant « méprisé » par le mal subi en est venu à douter de la valeur de sa propre enfance et a finalement intériorisé le mépris de sa propre enfance. Nous avons appris, chacun.e à des degrés différents, à vivre dans ce « mépris ».

Le « naître-d’en-Haut » de l’Évangile est notre participation salvatrice aux mystères de l’Annonciation, de la Passion et Résurrection du Christ. Jésus nous offre de naître à nouveau en Lui afin de guérir notre enfant blessé d’un côté et, de l’autre, à atteindre une plénitude d’enfance en Lui par la participation à sa propre Enfance (« Mais à tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu » Jn 1, 12). Il nous donne, donc, la grâce de quitter notre mépris de l’enfant en nous et de « devenir cet enfant en Lui ». Ceci est un appel à vivre chaque instant en communion de Présence au Père par le Fils dans l’Esprit. Nous ne vivrons plus alors dans la crainte mais, entrés dans ce monde spirituel, nous découvrirons qu’en cette Présence trinitaire tout est communié. Et cette communion signifie aussi l’expérience de la présence de nos frères et de nos soeurs, mais, aussi, des anges, spécialement nos anges gardiens dont c’est la fête aujourd’hui.

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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